La vie nous a dérobé le plus beau des matins celui ou, sur une de nos branches nous aurions vu renaitre la première feuille du printemps. Nous sommes un arbre dont les feuilles ne repoussent plus. Comment pourrait-il en être autrement avec nos racines désormais inutiles car arrachées à cette terre d’Algérie. Nos racines, autrefois profondes, robustes, vaillantes, réduites maintenant à un entrelacs blanchâtre, stérile, noueux et sec, semblable à ces ossements extirpés à la hâte d’un caveau profané.
Nous vivons notre ultime et interminable hiver. Nos feuilles meurent doucement et partent docilement. Ces feuilles brulées par un destin féroce et amoral. Une feuille d’Alger, d’Oran, de Tlemcen, de Bône, d’un village du littoral ou du bord de l’Atlas. Une feuille avec ses souvenirs et l’amour des siens comme unique bagage pour le dernier passage. Une feuille qui se détache et plane, maladroitement soutenue par l’haleine de la mort dans un balancement disgracieux ignorant le chagrin des vivants.
Nous avons des mots usés et doux pour ceux qui restent. Une salutation murmurée avec son goût de larme. Un geste d’une tendresse retenue. Une main sur une épaule. Une dernière prévenance formulée dans un égal partage entre la mort et la vie. Un nom que l’on glisse lors d’une rencontre pour dire qu’il nous a quitté, pour dire qu’elle est partie.
Bientôt plus rien de vivant ne subsistera de nous. Ceux de notre sang qui n’auront pas connu la vie de « là-bas », ne sauront bientôt plus rien de nos joies et de nos chagrins qui périront de ne plus être contés, asphyxiés par l’oubli. Sur ces vieilles photos que les familles conservent, un jour, un enfant cherchera notre nom, le nom d’un lieu, une date. Il ne trouvera pas d’écho. Les feuilles meurent en silence.
Nous vivons notre ultime et interminable hiver. Nos feuilles meurent doucement et partent docilement. Ces feuilles brulées par un destin féroce et amoral. Une feuille d’Alger, d’Oran, de Tlemcen, de Bône, d’un village du littoral ou du bord de l’Atlas. Une feuille avec ses souvenirs et l’amour des siens comme unique bagage pour le dernier passage. Une feuille qui se détache et plane, maladroitement soutenue par l’haleine de la mort dans un balancement disgracieux ignorant le chagrin des vivants.
Nous avons des mots usés et doux pour ceux qui restent. Une salutation murmurée avec son goût de larme. Un geste d’une tendresse retenue. Une main sur une épaule. Une dernière prévenance formulée dans un égal partage entre la mort et la vie. Un nom que l’on glisse lors d’une rencontre pour dire qu’il nous a quitté, pour dire qu’elle est partie.
Bientôt plus rien de vivant ne subsistera de nous. Ceux de notre sang qui n’auront pas connu la vie de « là-bas », ne sauront bientôt plus rien de nos joies et de nos chagrins qui périront de ne plus être contés, asphyxiés par l’oubli. Sur ces vieilles photos que les familles conservent, un jour, un enfant cherchera notre nom, le nom d’un lieu, une date. Il ne trouvera pas d’écho. Les feuilles meurent en silence.